Le football professionnel est une activité économique comme les autres. A ce titre et à l’instar d’autres industries proches comme le cinéma ou l’édition, son modèle économique sur le long-terme est peu compatible avec la redistribution interne à large échelle d’une bonne partie des recettes. Surtout, une telle redistribution passe déjà théoriquement par la fiscalité classique.
En effet, le modèle économique du football professionnel devait passer inéluctablement par un CA récurrent important qui permet d’investir dans des joueurs-stars. Aussi, les grands clubs se doivent de disposer d'infrastructures modernes en sus de la diversification potentielle dans le marketing ou le co-branding. De plus, une nouvelle ère s’ouvre avec les nouveaux droits de diffusion sur le net ou sur les réseaux sociaux.
C’est dans ce cadre que nous devons situer le communiqué commun initial de 12 clubs européens (Liverpool, Manchester City, Manchester United, Chelsea, Tottenham et Arsenal, Real Madrid, Barcelone, Atlético de Madrid, Juventus, Inter et AC Milan) qui ont annoncé la création d'une Superligue européenne, dès 2022. Cette Superligue sera gouvernée par ses clubs fondateurs qui vont organiser un championnat garantissant aux participants un minimum de 350 millions d’euros contre 15 millions d’euros pour la version actuelle de la Ligue des Champions. Aussi, 15 clubs seront permanents dans la participation à cette compétition tandis que 5 clubs seront invités chaque année en fonction de leurs performances.
Toutefois, les poids lourds du football anglais (Manchester City, Arsenal, Chelsea, Liverpool, Tottenham et Manchester United) ont cédé à la pression et ont annoncé leur retrait du projet de Super Ligue européenne de football. En effet, le premier ministre britannique s'est opposé à ce projet en plus des autres clubs anglais. Pour le moment, les autres fondateurs de la Super Ligue ont annoncé reconsidérer les étapes les plus appropriées pour remodeler ce projet.
De plus, cette action a eu le mérite de réveiller l'UEFA qui a manié le bâton avant de promettre une hausse significative du budget de la Ligue des Champions. Aussi, pour le bâton, l'UEFA qui a menacé de bannir les clubs qui participeront à cette Super Ligue européenne des championnats nationaux et européens tandis que les joueurs participants seront interdits des équipes nationales. De même, Macron aurait promis de faire adopter par la Commission de l'UE, une directive interdisant des compétitions privées dans le sport. Il faut dire que la redistribution généreuse de l'UEFA n'intégrait pas que les petits clubs mais aussi l'instance européenne et les sélections nationales.
En conclusion, au-delà de la réussite du projet de la Super Ligue, la redistribution a ses limites dans le modèle économique d’une entreprise à but lucratif, indépendamment de son objet. C’est d’ailleurs déjà le cas des producteurs de cinéma ou des éditeurs de livres. Ainsi, l'aboutissement logique du football professionnel est la diminution de la redistribution et de la mutualisation. De même, la promotion du football amateur ou des petits clubs, est davantage la responsabilité des pouvoirs publics que des grandes équipes.